mardi 30 août 2022
Le Brevet pour les marteaux de piano par Mr Billion en 1840
9-2 DEMANDES DE BREVET BILLION
9-2-1 –Brevet du 8 juin 1840 :
[Demande de Brevet] Billion jeune (Eugène Hyppolite), n° 5 rue de Ménilmontant. Paris.
Pour une nouvelle fabrication de feutres à l’usage des marteaux et étouffoirs de piano.
Frappé du résultat, bien incomplet, qu’ont donné, jusqu’à ce jour, dans leur application aux marteaux de pianos, les peaux de toutes espèces, et comme étouffoirs de pianos, les feutres excessivement mal confectionnés, j’ai conçu l’idée d’une fabrication de feutres supérieurs en qualité et à bien meilleur marché que tout ce qu’on a produit, jusqu’à présent, dans le commerce.
Pour arriver au point de perfection dont les facteurs de pianos sentent le besoin depuis si longtemps, et, après bien des essais infructueux toujours coûteux, voici comme je procède :
Je prends la laine d’agneau, dite Agneline, la plus fine possible, à son état brut, c'est-à-dire qu’elle n’est seulement que dégraissée, je l’épluche, d’abord, au Bernaudoir, pour en faire tomber la laine la plus courte et d’une qualité inférieure qui provient du pied des agneaux, ensuite, je l’épluche à la main pour en retirer les gros bouts et les ordures les plus grossières telles que la paille.
Après ce travail, je carde la laine deux fois, avec une carde à laine ordinaire, en ayant soin de diviser la laine en sens inverse , tantôt en large tantôt en long, pour donner, à la pièce cardée une égale épaisseur, et, surtout, beaucoup d’élasticité, au milieu comme sur les côtés, ce qui n’aurait pas lieu si je laissais la pièce, toujours aller dans le même sens.
Les pièces à feutrer sortent de la carde, de la longueur, de la largeur et de l’épaisseur que je le désire, autant, bien entendu, que le permet le cylindre de la carde, j’en place alors, une ou plusieurs, selon le besoin, dans une feutrière ou toile connue sous ce nom dans la chapellerie. Les pièces ainsi enveloppées, je les pose sur des plaques fort chaudes, sans l’être, cependant, au point de brûler la marchandise.
Pendant que les pièces sont placées sur les plaques chaudes, elles ont besoin d’être marchées, c'est-à-dire, plus ou moins froissées avec les mains, pour, en agissant, ainsi, et au moyen de la forte chaleur que leur communique la plaque, obliger la laine à se crisper et à s’accrocher entre elle et d’elle-même pour ainsi dire. Ce travail ne demande pas moins d’une heure, une heure et demie environ, en telle sorte que la pièce posée sur la plaque chaude au commencement de l’opération, avec trois pouces 89 milimètres environ d’épaisseur, puisse à la fin du marchage, dont j’ai parlé plus haut; réduire à 5 ou 6 lignes 14 à 15 milimètres environ, suivant le numéro d’épaisseur que je veux donner au feutre, car je distingue pour les numéros de 1 à 6 inclusivement, l’épaisseur des feutres que je destine aux marteaux de pianos.
Cette opération terminée, je fais passer, à la foule, les pièces enveloppées d’une toile. La foule a pour résultat de mieux feutrer la laine et de l’adoucir : l’eau qui sert à la foule, doit être presque bouillante et saturée de savon blanc qui blanchit la laine et l’adoucit toujours davantage.
Pour être foulées convenablement, il faut que les pièces soient roulées sur tous les sens pendant à peu près 40 minutes, sans appuyer beaucoup.
Au sortir de la foule, il faut passer les pièces dans une eau bien chaude de rivière pour dégager la laine du savon blanc qui y adhérerait encore. Ces pièces, une fois bien séchées, ont besoin d’être épluchées de nouveau, et débarrassées des ordures qui auraient pu s’y attacher pendant la fabrication, et, ensuite, d’être passées à la pierre ponce pour en couper et en enlever les jarres les plus grosses et les plus longues et autant que possible égaliser tous les poils de la pièce de feutre.
Immédiatement les pièces sont soumises, à chaud, à la presse hydraulique pour obtenir une égalité plus parfaite et renforcer le feutrage ; puis, on les ébarbe et on les rogne, et peuvent être ainsi, livrées au commerce pour être appliquées aux marteaux de pianos.
Au lieu de me servir, comme pour les marteaux de pianos, de laine courte dite agneline, il est indispensable, d’employer, pour la fabrication des étouffoirs de pianos, la laine Mérinos première qualité. Je prends cette laine après avoir été peignée avec soins, comme la laine destinée aux marteaux de pianos, je la passe deux fois à la carde et subit les mêmes phases de fabrication, aussi bien en long que en large, je la mets également dans des feutrières , je la passe ensuite, sur les plaques dont parle la première fabrication, je la froisse ou roule plus ou moins selon le numéro d’épaisseur qu’on veut lui donner, et puis, on épluche les ordures qui reparaitraient à la suite de cette opération.
Ces pièces de laine ainsi amenées à l’état de molleton, sont soumises, sans avoir été foulées, à la presse hydraulique pour les lisser, les égaliser, et les parer. Comme celles destinées aux marteaux de pianos, on ne les passe pas à la pierre ponce, étant d’une laine beaucoup plus fine et se trouvant moins feutrées à cause se leur destination, que les pièces pour marteaux de pianos.
Aussitôt après cette préparation, elles peuvent être livrées au commerce pour les étouffoirs de pianos ou tout autre usage analogue.
Je distingue le plus ou moins d’épaisseur de ces pièces par les numéros un, deux et trois. Comme on le voit par la description qui précède, mon idée consiste , non seulement , dans des moyens et procédés nouveaux de fabrication du feutre pour pianos, avec une matière d’une qualité bien supérieure et à meilleur marché que ce qui a été jusqu’alors produit, dans le commerce, mais encore, dans l’application nouvelle de la laine substituée aux peaux de daim, de buffle et autres, aux marteaux de pianos.
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